La couleur explore son propre génome et s’affranchit des conventions primaires. Elle est, dit-on, le reflet des humeurs sociétales, un miroir aux multiples facettes. Et côté facettes, elle en connaît un rayon !
Dans le cercle chromatique, la couleur se libère de ses triangles originels pour s’immerger dans l’entre-deux. De nouvelles teintes vibrent, résonnent, assourdissent, chahutent, épicent les intérieurs, fusionnant les unes avec les autres. La couleur a longtemps multiplié les adjectifs et les superlatifs. Désormais, elle semble quelque peu s’en défaire. Un nouveau lexique voit le jour plus évocateur et propice à nous transporter dans le ressenti, le visuel.
Exit le bleu, aujourd’hui « l’orage » gronde sur les murs, tandis que le « denim » amortit chacun de nos pas. Le jaune s’assaisonne avec du « curry », du « safran », de « l’anis »… Le vert récolte le fruit de sa « mousson ». Ainsi, les intérieurs parcourent la terre, du sol au plafond, avec ses pigments naturels si riches et en prime un air végétal ; les peintures écologiques et respectueuses de l’environnement sont de plus en plus nombreuses, soucieuses de leurs compositions, avec des matières premières naturelles, à l’instar de Pure & Paint, voire dépolluantes comme Tollens et sa technologie Air Care, détruisant jusqu’à 80 % des polluants présents !
Personnalités colorées
Sarah Lavoine, dans son ADN
Sarah Lavoine aime conjuguer le noir et son emblématique « bleu » avec sa palette affûtée par ses talents de coloriste, de designer et d’architecte d’intérieur. Serge Bensimon, lui, déteste le noir et ne se cache pas pour le crier sur tous les toits. Il adore quand les chromatiques pétillent et « vitaminent » le quotidien. Leur point commun ? Le sens inné de la couleur et des associations. Ils le portent haut sur eux et dans les intérieurs, avec pour nuancier de prédilection, le leur, façonné par la marque Ressource.
Depuis 2015, le « bleu Sarah » a fait couler beaucoup d’encre. Indélébile, il est comme une signature, une pièce de design : Je ne m’en lasse pas ! Il joue avec la lumière et varie aussi en fonction de mes humeurs ! C’est un bleu profond et puissant. L’essentiel dans une couleur reste la pérennité, souligne la créatrice. Mais Sarah Lavoine, c’est également bien d’autres teintes disséminées dans les meubles, les objets, l’art de la table et de la mode qui constituent le riche univers de sa Maison du même nom, créée en 2002.
Coloriste avertie, elle tient de sa mère, décoratrice, cette passion : À la maison, la couleur était toujours présente, à travers des rayures, des fleurs, des partis pris forts, confie-t-elle. Pour moi, la couleur n’est pas seule, elle se définit par ses associations. Je ne suis pas très « violet », mais mettez-le à côté d’un noir et d’un vert profond, et ça change tout ! décrypte Sarah Lavoine. Côté déco, la dernière collection Riviera, en bois et en rotin, s’égaye de touches de vert, d’un corail soutenu, d’un rose doux et d’un rouge récif. Côté architecture d’intérieur, la couleur n’est pas en reste.
Son studio vient à peine de terminer les nouveaux bureaux L’Oréal Luxe, où le pastel adoucit les lieux. Nous avons opté pour du rose pâle, du bleu ciel, du vert… pour changer du traditionnel « gris bureau ». C’est triste à souhait. Heureusement, on en a fini avec l’époque du taupe, omniprésent ! Et côté peintures ? Pour mémoire, Sarah Lavoine avait créé 36 teintes, dont son fameux bleu, avec la marque Ressource. Concevoir ce nuancier a été une très belle aventure humaine. Prochainement, nous allons mettre au point d’autres nouvelles couleurs afin d’agrémenter la collection et de l’agrandir au fur et à mesure. En attendant, Sarah Lavoine n’a qu’une chose à dire : Osez la couleur !
Serge Bensimon, color addict
Son humour n’a d’égal que sa joie de vivre. Nommé par Ressource « alchimiste de la couleur », Serge Bensimon a sûrement fait pétiller tous les pieds des Français avec sa tennis iconique, et il continue ! Son univers positif s’est propagé jusque dans les intérieurs, avec notamment sa sélection de mobilier que l’on retrouve dans ses boutiques Home Autour du Monde et la Gallery S. Bensimon, lieu original « d’expression plurielle. » On l’aura compris, il ne faut surtout pas lui parler du noir !
Je ne fais pas de noir, parce que c’est ce qui se vend le mieux ! s’amuse Serge Bensimon. Je ne voulais pas faire comme les autres. Du coup, j’ai appris à faire les couleurs. Mais avant tout pour cet autodidacte, la couleur est synonyme de voyage, souligne-t-il. Que cela soit dans la décoration ou la mode, c’est une histoire qui me donne envie d’écrire des univers chromatiques. Avec Ressource, nous avons créé des moments d’évasion, en Amérique du Sud, avec des teintes comme Frida, Mexico, Veracruz, Pérou… ou dernièrement en Italie, avec notamment Toscane, puisant directement dans le minéral.
Le voyage, c’est l’inspiration, insiste Serge Bensimon. Je suis aussi beaucoup mes envies. Après tout, il faut que cela nous fasse plaisir. Lorsque nous mettons au point les collections, je suis comme un enfant devant un magasin de bonbons ! Mais la couleur, c’est également du travail. Ressource arrive à traduire les couleurs choisies avec une fidélité incroyable, mais qui demande parfois des mois de recherche. Avec une cinquantaine de boutiques en France, on peut dire que la couleur lui réussit !
Denim Orageux
Star incontestée, le bleu est une couleur. Il sait être discret, fort et omniprésent. En 1850, Levi Strauss lui donne une nouvelle résonnance, en mode bleu de travail ! Alors il n’est pas étonnant de le voir revenir par la grande porte aussi souvent qu’il le désire. Associé au « crépuscule », un grenade argileux, il s’ouvre à de nouveaux horizons.
Nuances attentives
À la verticale ou à l’horizontale, la couleur maîtrisée change incontestablement les aboutissants visuels d’un intérieur. Elle n’a plus peur de revêtir des boiseries, de retracer sur les murs, le passé élogieux d’un sol originel et de faire rentrer la végétation au cœur du quotidien. S’il raconte une histoire, le mélange ne peut que fonctionner !
Pas si « vieux »
Rétro, le jaune s’épice au rythme de ses voyages, plus proche du brun et du vert qu’il ne l’a jamais été. À ses côtés, le vert lui a toujours tenu la main face au violet qui se plaît à le courtiser depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, un mariage de raison, mais également de cœur.
Quand le violet minaude
« Aubergine », voire « indigo » quand il se lie avec le bleu, « magenta », avec le rouge, le violet s’inscrit comme la tendance de cette année. Mais en règle générale, il ne reste pas longtemps dans les parages. Considérer, comme une demi-couleur par le maître incontesté, Michel Pastoureau (historien de la couleur), le violet mérite d’être utilisé avec prudence. Heureusement, les teintes sont électrisées par un « pourpre » assourdi ou adoucies par l’exquis « Lilas ».
Les mains dans la terre
Les teintes argileuses sont toujours présentes pour nous ramener à l’essence des couleurs. Celles naturelles, intemporelles, qui ne se cachent derrière aucun artifice. Comme si on avait pris un petit bout de roche, un petit grain de sable pour peindre un univers minéral.
Primaires ?
Pas tant que ça ! On note dans le vert, l’orange, le jaune et le rouge quelques vibrations. Peut-être serait-ce de la tendresse, de la modernité, un peu de soie, voire des pigments naturels. Tout ce que l’on sait c’est que ça chamarre par petites touches les intérieurs taciturnes.