Nous avons demandé à huit professionnels de la décoration lyonnaise, experts dans le mobilier design, de nous livrer leur coup de cœur. Les meubles et objets qui les ont le plus marqués, en 2017. À travers leur regard, on se plonge dans une vision pertinente de la création.
Entre pièces emblématiques indémodables et nouvelles marques d’édition, ils créent le lien entre le design d’hier, d’aujourd’hui et de demain. De belles découvertes et redécouvertes !
Bertrand Guyot, Extramuros
Meuble Hi-Fi AP160, La Boîte Concept
En 2013, la Boîte Concept change radicalement notre perception de la Hi-Fi, avec sa série de meubles-enceintes « Cube ». S’ensuivent des systèmes tout en un, adaptés aux usages contemporains qui n’ont pas manqués de séduire l’œil averti de Bertrand Guyot. Et tout particulièrement le dernier-né : le meuble AP 160 designé par Stephan Lanez.
« Unique en son genre, il mêle avec brio fonctionnalité et design tout en intégrant des technologies innovantes. Une pièce de design connectée avec son époque qui s’illustre par sa polyvalence d’usages : télévision, box, platine vinyle, appareils sans-fil… sous couvert de très belles finitions. », confie Bertrand Guyot.
Julie Sansavini, Arrivetz
Canapé Pack, Edra
Difficile de résister à cette « œuvre », créée par le designer Francesco Binfaré. Oui, pour Julie Sansavini, ce canapé est bel et bien une œuvre : « poétique et féérique, comme seule Edra sait le faire. Lors du dernier Salone del Mobile, à Milan, nous sommes tombés sous le charme. Instantanément, ce canapé aux dimensions hors normes (3,70 mètres), nous emmène avec ses formes et son tissu exceptionnel, directement au Pôle Nord. Sur cette banquise, on ne ressent pas le froid, juste la chaleur d’un ours polaire qui nous enveloppe de sa fourrure. C’est une véritable expérience ! »
Le tissu spécial se distingue par une texture semblable à des couches de glace, tandis que le dossier-ours revêt une fausse fourrure. De quoi créer l’illusion.
Floriane Vergnol, Hyggelig
Fauteuil CH25 de Hans J. Wegner, 1950
L’architecte d’intérieur revient sur une pièce iconique des années 50. L’un des quatre premiers fauteuils de l’architecte designer Hans J. Wegner (1914-2007), pour la marque danoise Carl Hansen & Søn, qui à l’époque, provoque, avec son choix de matériau : la corde naturelle.
Pour Floriane, « Le symbole d’un savoir-faire artisanal. C’est une assise qui ne vieillit pas et qui nous renvoie au travail de la main. Il faut environ 10 heures aux artisans qualifiés pour le tressage du dossier avec une technique de tissage double qui crée ce motif unique ! Une époque où le design prenait la mesure de son temps. Sans omettre l’ergonomie exceptionnelle. »
Gilles Bruyère, Roche Bobois
Collection de tissus Nô Gaku par Kenzo Takada
« Roche Bobois, c’est d’abord une histoire de passion, mon tout premier coup de cœur. », souligne Gilles Bruyère. Une passion qu’il souhaite transmettre aujourd’hui à travers les yeux de Kenzo Takada, qui signe pour Roche Bobois une collection de tissus poétiques.
« On ne parle pas assez de la matière, de l’éloquence des tissus. Cette collection réinterprète le dessin à travers des couleurs extraordinaires, inspirées des tissages utilisés pour le Théâtre Nô. Pensée non pas comme une vision unique, mais comme l’interprétation d’un mariage décoratif à composer. » En effet, les tissus respectent parfaitement l’esprit des kimonos anciens, avec une attention particulière sur les jacquards et les matières choisies.
Catherine Chabanis et Laurence Boy, IF Contemporain
Canapé Nakki, Woud
Le duo féminin a craqué cette année pour les rondeurs de Nakki, créé par la designer Mika Tolvanen. Un choix pas si évident pour Catherine et Laurence : « Chez Woud, toutes les créations sont intéressantes et pertinentes. Ce qui nous a séduit, ce sont les proportions parfaitement équilibrées et le choix des finitions. Avec la collection de canapés et fauteuils Nakki, on oscille entre des lignes métalliques pures et simples pour mieux valoriser le confort d’une assise exceptionnellement mœlleuse. Irrésistible. »
Sûrement la raison de la montée fulgurante de cette jeune maison d’édition fondée en 2014, qui aujourd’hui séduit par son sens inné du détail et de la qualité.
Arnaud Trimaille, Galerie Collection of Design
Table Eros d’Angelo Mangiarotti, 1970
Spécialiste du mobilier vintage, Arnaud Trimaille met en avant la collection de tables en marbre Eros de l’architecte-designer Angelo Mangiarotti (1921-2012). « Emblématiques, les tables Eros n’ont pas d’âge. À l’heure, où nous quittons peu à peu les années 50 pour mieux renouer avec les années 70, elles sont plus que jamais d’actualité. En 1970, Angelo Mangiarotti s’illustre notamment avec ces meubles-sculptures par emboitage comme une mortaise, par le biais de joints gravitationnels, laissant le matériau à son propre poids. Soit un langage inégalé. » confirme Arnaud Trimaille.
À l’époque, éditées par Skipper, les tables Eros ainsi que les nombreuses créations du maître, reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène, rééditées par Agapecasa.
Alain Bernard, Bernard Ceramics – Carothèque
Molitor LCS Ceramics – Gigacer
Dans la digne continuité de la collection LCS Ceramics qui a vu le jour l’année dernière, en lien avec la Les Couleurs® Le Corbusier, la gamme Molitor fait écho à la polychromie et au langage architectural du grand maître. Alain Bernard est conquis : « Déjà, la première collection bousculait les codes. Avec Molitor mais également , elle étaye les fondations de cette révolution céramique. Les effets béton deviennent un vrai outil de création au service des volumes. La texture et la matière jouent avec les lumières d’une telle manière, que la surface semble s’animer. »
Molitor assoit également la dimension verticale avec des briques de verre, en résonance bien évidemment à la Porte Molitor, premier immeuble d’habitation au monde à façades entièrement vitrées. Pour Alain Bernard : « L’éloquence par la transparence et la lumière. »
Christine Freydier, Figuline
La décoratrice viennoise a été émue par cette pièce unique, créée avec des morceaux de vaisselle émaillée patinée par le temps. Un coup de foudre pour l’objet mais également pour le concept : « J’ai découvert cette pièce par le prisme d’Eliott Martin, créateur de Moogoo Creative Africa, qui s’inscrit dans la valorisation du talent de jeunes designers et artistes africains. En voyant cette œuvre réalisée par l’artiste burkinabé, je suis séduite par la beauté de la pièce. Me reviennent instantanément mes excursions en terre africaine, l’accueil des habitants, la beauté des femmes, les senteurs, les mille et une couleurs… Un voyage. » confie Christine Freydier.