Consacrée lors de la dernière édition du salon Maison et Objet, l’architecte d’intérieur Laura Gonzalez a, en près de dix années, imprimé une patte unique sur l’aménagement de restaurants, d’hôtels, ou encore d’appartements.
Un art du mélange sans pareil, qui séduit les grandes maisons de luxe, les hôteliers ou les particuliers, et qui s’appuie sur le formidable travail des artisans d’art d’exception avec lesquels elle travaille.
Je suis architecte d’intérieur, issue d’une famille un peu mélangée : ma mère est espagnole, mon père pied-noir, moitié italien, moitié allemand. Cela caractérise vraiment ma personnalité. Créative surtout ! Celle qui a fondé son agence il y a un peu plus de dix ans, à seulement 24 ans, excelle dans le mélange des styles, des époques, des couleurs et des imprimés. Au fil de ses nombreuses réalisations – l’Alcazar, le Bus Palladium, le Manko, Pierre Hermé et l’Occitane, Cartier, et très récemment La Gare, pour n’en citer que quelques-uns –, elle en a en fait une signature. J’aime beaucoup allier le brut et le précieux, poursuit-elle. Je charge beaucoup les lieux, mais c’est toujours décontracté et en même temps très élégant. J’adore jouer avec les codes classiques tels que les moulures, les passementeries, les chinoiseries du XVIIIe siècle twistées par mes inspirations latines, gaies, chargées de souvenirs et d’émotions.
Elle explique, par exemple, à propos du Relais Christine, établissement cinq étoiles récemment livré à Saint-Germain-des-Prés : Par chambre, il peut y avoir plus de dix tissus différents utilisés et pourtant on ne le voit pas. Le mariage de tout, en harmonie, est mon point fort. En résulte chaque fois une identité forte, une impression familière, cosy, comme si tout avait toujours été ainsi, mais sans passéisme aucun. Elle dit chercher l’inspiration partout : au musée, dans les livres, au cours de ses nombreux voyages, mais surtout, et c’est un pilier essentiel de son approche, dans l’échange avec les artisans d’art et les maisons de haute facture avec lesquels elle travaille. Parmi ses collaborations, les tissus et papiers peints Pierre Frey par exemple, mis en œuvre à La Gare avec un motif sur-mesure, mais aussi sur les murs du restaurant historique Lapérouse par exemple. En contrepoint d’ailleurs,les fresques murales y sont réalisées par l’atelier Roma, avec des techniques anciennes de laque et de peinture à l’huile. Le travail avec l’artisanat d’art est primordial dans mon travail aujourd’hui, parce qu’il permet vraiment de ne pas avoir de limites de création. Logique, donc, qu’alors que Maison et Objet la distingue créateur de l’année, elle amorce un nouveau tournant, avec le lancement d’une collection personnelle en série limitée. Vingt pièces à son image, flirtant subtilement avec l’excès, mais toujours chic et à la personnalité affirmée : canapés, chaises, luminaires, tables et objets de décoration, évidemment made in France par les meilleurs artisans. Une autre manière, pour elle, de ne surtout pas brider sa créativité débordante.