Ses créations figurent au catalogue des plus grands éditeurs de mobilier et d’objets. Mais c’est en dessinant la lumière que le designer chypriote Michael Anastassiades, créateur de l’année lors de la dernière édition du salon Maison&Objet, a véritablement trouvé un terrain d’expression à la mesure de sa sensibilité.
La lumière m’a toujours attiré, raconte-t-il. Dès mes débuts, j’ai mené des recherches, exploré tous ses aspects, en restant un peu loin du monde industriel. De toute façon, lorsque j’ai commencé, personne ne me sollicitait. Je n’étais pas connu. Mais cela m’a permis de me créer un espace de liberté immense et rare. C’est d’ailleurs là, dans cet univers libre, délicat, léger, en équilibre, dans une semi-obscurité mouvante peuplée de mobiles scintillants, poétiques et radicaux que le designer a choisi d’emmener les visiteurs du salon Maison&Objet.
Son exposition ? Une installation inédite composée de 16 chandeliers de grandes tailles, gravitant comme des systèmes solaires – ou lunaires, peut-être –, construisant un espace dans l’espace, en mouvement, entre ombre et lumière, justement. Ici, la high-tech n’a d’égale que la maestria avec laquelle le concepteur la dissimule, au profit de l’expérience sensible, émotionnelle. De la création d’une connexion particulière entre le lieu et celui qui le traverse, l’habite, l’explore.
Or, depuis qu’il a fondé son studio en 1994, puis sa propre marque en 2007, c’est cela que Michael Anastassiades n’a de cesse de chercher. De sa formation initiale d’ingénieur, il garde une rigueur technique sans concession. De sa vie de créateur, une capacité à user de celle-ci pour révéler les volumes avec grâce, et un sens de l’équilibre et du contraste qui force l’admiration.
Quelque part entre art et design, sculpture et industrie. Sa collaboration prolifique avec l’éditeur de luminaires Flos en est une parfaite illustration. Mais pas seulement. Qu’il imagine des meubles pour Cassina, B&B Italia, Thonet ou encore Herman Miller, cette même délicatesse pleine d’humilité est à l’œuvre. Le jour et la nuit existent pour une raison et nous ne devrions jamais tenter de remplacer l’un par l’autre, sourit-il. Dans la nature, la lumière se manifeste sous de nombreuses formes d’une très grande beauté. Si je pouvais capturer ne serait-ce qu’un seul de ces moments, je serais très chanceux. Il l’est !
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Texte Maëlle Campagnoli