Un petit bijou ! C’est la définition de la nouvelle robinetterie Axor Edge, sortie tout droit de l’imagination de Jean-Marie Massaud. Une nouvelle icône, décryptée par le designer himself !
2005 marque le début de l’aventure entre le designer et la marque allemande. Quinze ans plus tard, cette collaboration s’ancre dans l’excellence avec Axor Edge. Sortant littéralement des sentiers, battus par la robinetterie contemporaine, cette composition sculpturale, aux volumes bien ancrés dans toutes les époques, tend à devenir une réelle solution architecturale. Ou plutôt 25 solutions de mitigeurs, mélangeurs et thermostatiques, pour le lavabo, la baignoire et la douche. Entre une esthétique cubique, une approche holistique et une technique de pointe… Jean-Marie Massaud nous livre sa vision d’Edge et bien plus encore !
Un robinet identifié comme un potentiel et non pas comme une fin en soi !
Pourquoi la dénomination Edge ?
Jean-Marie Massaud : C’est la première collection Axor qui n’associe pas directement le nom du designer au produit. Ici, l’ambition de la marque était de proposer aux architectes et aux décorateurs une collection qu’ils puissent s’approprier. Pour ma part, je souhaitais emmener la marque et surtout la gamme premium vers un design plus radical, porté par le sur-mesure et un langage universel. De ce point de vue, il fallait explorer une nouvelle facette : un robinet identifié comme un potentiel et non pas comme une fin en soi. Dans la formalisation, il a pris l’apparence d’un assemblage de monolithes très simple et très « mouturé », qui convoque autant l’héritage culturel que des intentions plus minimalistes. Axor a trouvé le nom, Edge, qui englobe toutes ces notions.
Avec Edge, nous sommes dans le monde de l’exigence, dans sa définition la plus luxueuse. Que ce soit dans l’univers très classique d’Alberto Pinto, où à l’opposé dans celui, très rationnel, de Peter Zumthor !
Quelle a été votre démarche conceptuelle ?
Jean-Marie Massaud : Je souhaitais intervenir dans le monde d’Axor – qui propose pléthore de produits de qualité aux langages divers – de manière totalement différente ! D’avoir une approche holistique, en se questionnant sur la manière dont ce robinet pouvait s’intégrer dans des lieux d’exception. J’évoque des projets « spéciaux », réalisés par les grands architectes ou décorateurs, qui ont les moyens de s’exprimer à ce niveau. C’est-à-dire en changeant les repères, tout en valorisant la pérennité et l’intemporalité. Donc, concevoir une nouvelle icône à même de disparaître, avec cette faculté de communiquer et de rentrer directement dans la composition d’une master piece. Avec Edge, nous sommes dans le monde de l’exigence, dans sa définition la plus luxueuse. Que ce soit dans l’univers très classique d’Alberto Pinto, où à l’opposé dans celui très rationnel de Peter Zumthor, comme les Thermes de Vals ! Dans de tels lieux, les échelles sont exceptionnelles et les robinets standards sont anecdotiques, voire complètement perdus !
Il est impératif de se tourner vers une conscience de qualité et non de quantité. Dans la qualité, il n’y a pas de limites !
Comment cette nouvelle collection se démarque-t-elle ?
Jean-Marie Massaud : Deux intentions prennent le dessus. La première : composer ce vocabulaire de base qui permet à chacun de concevoir sa propre littérature, autant par l’universalité de la forme que par la déclinaison des états de surface, qu’Axor est capable de sculpter à volonté sur l’artefact. Pour que ce soit possible il fallait des formes simples. J’ai donc imaginé des monolithes qui s’assemblent, chacun exprimant une fonction, que soit pour la cartouche, les arrivées d’eau… La deuxième notion : la pérennité du produit. Chaque élément est facilement démontable afin d’assurer l’entretien pour, que dans 50 ans, le robinet soit toujours en fonction ! Nous sommes allés au-delà de la création d’un nouveau standard, au-delà des formes et des tendances pour composer des éléments qui soient à la fois le legs de tout ce que l’on connaît et en même temps, restent « excitant » d’appropriation ! Une vision du sur-mesure et de la qualité qui traversent les époques.
Vous parlez d’héritage culturel, de legs, de quelle manière prend-il forme ?
Jean-Marie Massaud : De nombreux éléments de cette collection appartiennent à notre culture collective, comme les chanfreins fraisés à un angle de 45°, que l’on retrouve dans la forme d’un Zippo ou encore dans la silhouette d’un flacon Chanel n°5.
De la roue à la téléportation, nous pourrons toujours imaginer le déplacement différemment !
Pouvez-vous nous parler de la technique de pointe utilisée ?
Jean-Marie Massaud : Au début, les formes étaient plutôt abstraites. Puis on a resserré le propos avec des silhouettes plus archétypales. Le sur-mesure était problématique. Les ingénieurs d’Axor sont donc revenus vers moi au bout de quelques mois, avec le sourire en coin et l’œil qui frise ! Le temps nécessaire d’investiguer et de trouver la solution chez un fabricant d’optiques pour les télescopes ! Cette machine, développée spécifiquement pour cette collection, a une souplesse d’usinage incroyable et s’avère d’une précision maximale, avec sa pointe de diamant permettant notamment de fraiser les chanfreins à un angle de 45°. Tellement minutieuse, qu’elle écrête chaque molécule cristallisée de métal, sans avoir besoin de venir repolir la pièce. Avec un tel outil, nous pouvons concevoir des filigranes et répondre à n’importe quelle demande même les plus figuratives, comme un bas-relief !
Pour quelles finitions opteriez-vous ?
Jean-Marie Massaud : La version canon de fusil mat ! Voire or rose satiné. Tout dépend du projet ! Dans les Thermes de Vals, je choisirai le noir mat.
Il faut créer davantage de valeur ajoutée. Nous pouvons toujours en créer, sans pour autant fabriquer un surplus de matières !
Pensez-vous qu’Edge soit le reflet du luxe de demain ?
Jean-Marie Massaud : Je pense que la quête de la qualité et des compétences va prédominer, et ce dans tous les domaines. Il faut plus de consistance ! Certes, il y a aura toujours des extravagances, de la singularité, comme le manifeste de ne ressembler à personne d’autres. Malgré tout, je constate que les produits outranciers et vulgaires ne sont plus à l’ordre du jour. Ce qui permet à l’artisanat de reprendre du crédit dans la valorisation économique. Dans cette vision, l’approche holistique des produits peut satisfaire l’épanouissement individuel et collectif, au sens le plus large. Pas seulement dans l’ergonomie ou la fonction première, mais également dans notre quotidien, en accompagnant notre sensibilité autant que nos scénarios de vie. Il faut créer plus de valeur ajoutée. Et nous pouvons davantage en créer, sans pour autant fabriquer un surplus de matières !