L’architecte d’intérieur Sybille de Margerie révèle sous un jour contemporain et délicat l’art de vivre à la montagne. À l’hôtel Cœur de Megève, rénové et entièrement repensé par ses soins, elle distille un équilibre particulièrement juste entre tradition et modernité. Un joli hommage chic à la culture locale, empreint d’humour, qui ne concède rien au confort… ni aux détails décoratifs.
Ingéniosité, douceur, intemporalité, Sybille de Margerie énonce que ces trois mots ont été ses guides pour imaginer la rénovation de cet établissement historique un temps endormi, moelleusement tapi entre les monts enneigés, au centre de la station alpine. Dans le Cœur de Megève, en effet, du bar jusqu’aux trente-neuf chambres mansardées ou bien ouvrant sur de jolies petites terrasses, du restaurant au spa, dans le salon, elle déroule un univers fait de rondeurs, de délicatesse et de charme, distillant une authenticité feutrée et envoûtante à la fois.
Un concentré de convivialité raffinée. Du cœur, en somme, dont elle fait d’ailleurs un fil rouge, une signature discrète à qui elle donne définitivement ses lettres de noblesse décoratives, sur le dossier des chaises du restaurant, en écho discret à ceux qui ornent les volets de l’édifice, typiquement savoyard. Le pull de ski lui-même y devient chic, à travers le joli motif jacquard décliné sur le revêtement des alcôves de la salle à manger. De même, les suspensions, cloches en verre, cuir et laiton y rappellent subtilement la vie des alpages. En contrepoint, elle revisite les bois avec une maestria contemporaine au cordeau. Un revêtement en trame de noyer brossé réconforte les murs des chambres et du spa, tandis qu’un calepinage de bois debout habille les parties communes.
Coup de cœur : les éclairages scintillant telles des lucioles dans une cabane au sommet des montagnes, dans le spa Tata Harper.
Les choix de couleur réveillent les espaces, par touches : tons anis ou brique, bleu pour les suites, alternant entre un lever de soleil scintillant sur les pistes ou un coucher profond sur les cimes enneigées. Celle qui s’attache, à chaque nouveau projet à capturer l’âme des lieux, raconte aussi qu’elle souhaitait que le Cœur de Megève devienne un lieu de rendez-vous vivant et chaleureux, d’une élégante simplicité. Comme un cliché photographique oublié, puis retrouvé. Pari réussi !
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Texte Maëlle Campagnoli