Une nouvelle histoire s’écrit. À la plume, l’Atelier Giffon, dans un décor courchevellois sillonné de nombreuses fois. Dans sa quête de chalets oniriques, l’agence d’architecture d’intérieur a dépassé les frontières des massifs, saupoudrant de sable chaud azuréen la neige environnante. Une narration inattendue : White Sand.
Sous cet angle de vue, rien ne semble révéler l’ampleur verticale ni les partis pris audacieux. Stratifié sur six niveaux, ce chalet assoit une silhouette sobre, authentique, revêtue d’un manteau minéral et ligneux, panaché d’un vieux bois exposé nord-est, privilégiant une teinte brune. Ainsi, suspendu au-dessus des villages environnants, il favorise une connexion avec la montagne pour mieux surprendre. Plusieurs indices mettent la puce à l’oreille, notamment l’aménagement paysager constellé de quelques plantes endémiques du Sud ou encore la chaise de maître-nageur que l’on devine… au détour de la piste. Pour Rémi Giffon, Les marqueurs d’une histoire décalée.
Facettée, l’architecture signée Alpaa, évolue à 360° et dévoile en façade sud un visage plus complexe à toitures multiples, pourvu d’une extension en saillie démultipliant la volumétrie. Résultat, sur les six étages, cinq communiquent avec l’extérieur. Pans et pignons génèrent une dynamique qui emporte avec eux les surfaces intérieures dans une rythmique chaleureuse et conviviale. Si le choix des matériaux prône une certaine tradition, leur utilisation architecturale fait pencher la balance en faveur d’une modernité assumée, et ce, dès les premiers pas. Les trois étages supérieurs déploient un langage stylisé par la rigueur d’un agencement cousu main.
Un équilibre contemporain naît entre le bois enveloppant, les respirations immaculées, les coutures métalliques ourlées de textiles à la fois aériens et tendus.
Un équilibre contemporain naît entre le bois enveloppant, les respirations immaculées, les coutures métalliques ourlées de textiles à la fois aériens et tendus, confectionnés par L’Atelier des Frères. Plongeant sur les massifs à perte de vue, le salon accroche ce paysage pour mieux le réchauffer au contact de toutes ces matières et de tous ces matériaux, domptant la verticalité sous faîtage avec une cheminée centrale en suspens, laissant le feu s’exprimer librement, à l’instar des perspectives sur les coins et les recoins. S’étirant sous la suite master, le salon, la salle à manger et le bar/cuisine s’inscrivent dans une horizontalité partitionnée notamment par la présence de cette vitrine multichromatique, rendant hommage à la collection de chartreuse Tarragone patiemment rassemblée par les propriétaires.
Rémi Giffon rebondit : Ce sont ces touches personnelles qui font la différence, cette synergie entre un lieu et ses hôtes. Cette partition nous a permis en plus d’apporter cette pointe de couleurs et de jouer avec la lumière naturelle. Au point culminant, deux suites s’éveillent sous une belle mansarde, dont la master. Perpendiculaire au salon, elle fusionne dans sa conception spatiale toute l’élégance et la sophistication inhérentes à ce chalet. Tournant à 180° du sud au nord, elle aimante, par le prisme de ses six ouvertures, toute la lumière, captée par le marbre Calacatta de la salle de bains, finement sculpté par la marbrerie Scalbert.
Ce sont ces touches personnelles qui font la différence, cette synergie entre un lieu et ses hôtes.
Ici, rien n’est laissé au hasard. Le veinage Oro a été volontairement choisi pour dialoguer avec les tons brun orangé propres à cette chambre, précise Rémi. Ici, on peut également comprendre notre rapport architectural à la symétrie, avec une double vasque, une double douche et une baignoire à l’axe du faîtage, tout comme la cheminée de l’espace salon. Il y a dans notre approche cette volonté de créer une synergie entre les éléments, même dans la rupture. Je parle notamment du dortoir où nous avons pris le parti chromatique rouge vif, pour accentuer les échelles, les garde-corps jusqu’à la robinetterie.
En regardant de plus près, chaque détail, cloison, mise en lumière, perspective s’inscrit dans une originalité spatiale… Mais revenons maintenant à la genèse. La raison pour laquelle ce chalet porte ce nom. Puisque si les trois premiers niveaux, abritant les pièces de jour et six suites, semblent s’épanouir dans leur contexte alpin, les trois derniers étages, eux, bousculent les codes. Rémi sourit : Les propriétaires, des clients historiques de l’agence, sont à l’initiative de cette demande. En visitant une de nos réalisations, Les Bruxellois, ils sont tombés sous le charme de cette perception identitaire des lieux, dans ce cas précis, la reconstitution du lac de la Rosière. Ils souhaitaient retrouver dans leur villégiature un concept fort engendrant la personnalité même du chalet.
Nous aimons tout particulièrement surprendre, émerveiller et concevoir de vraies expériences de vie.
Remise en question donc, non sans perdre de vue cette notion des cinq sens chère à l’Atelier Giffon. Comment ? En faisant la synthèse de deux univers que tout semble opposer, la montagne et la mer. Nous aimons tout particulièrement surprendre, émerveiller et concevoir de vraies expériences de vie. Des lieux dans lesquels les souvenirs s’étoffent sur le fil d’une narration unique. Par cette thématique, nous avons pu concilier toutes ces idées et ces principes et bien plus encore, en recréant une bulle hors-saison, avec un espace wellness – un spa et une piscine intérieure/extérieure chauffée par géothermie – directement inspiré de la plage de Pampelonne.
Le sable côtoie ainsi la neige séparée par une fenêtre à double coulisse verticale pour éviter les déperditions calorifiques hivernales, tout comme le fond mobile. Pour appuyer ce sujet, le vieux bois cède ici sa place au red cedar naturel et peint en blanc. Tout cela a été rendu possible grâce à l’investissement constant de mon équipe et au concours d’une pléiade d’artisans, orchestrée par le maître d’œuvre Revue de Chantier, précise Rémi.
Architecture : Alpaa
Architecture d’intérieur et decoration : Atelier Giffon
Photos : Studio Erick Saillet