Avec l’opportunité de reprendre le cocon familial, Margaux et Luc se sont lancés, il y a bientôt deux ans, dans un nouveau chapitre, qui poursuit l’écriture d’ArchiINSTARS créé par DOMODECO : déceler les talents émergents !
Artisans de lieux de vie
![Portrait Margaux Lally et Luc Berger - Studio Lally & Berger. ©Stephan Julliard](https://www.domodeco.fr/wp-content/uploads/2021/10/portrait-margaux-lally-et-luc-berger-studio-lally-berger-copyright-stephan-julliard-350x525.jpg)
Si les murs de cet appartement pouvaient parler, ils conteraient mille et une histoires. Celles de Margaux Lally, haute comme douze pommes.
Des traces de rires, de quotidien. Des souvenirs échevelés avec ceux de ses sœurs. Ils évoqueraient également cette rencontre sur les bancs de l’École supérieure d’architecture intérieure de Lyon. Celle de Luc Berger, compagnon à la scène comme à la ville.
Ensemble, ils fondent en 2013 leur propre studio d’architecture d’intérieur, s’interrogeant sur la manière de conjuguer cette discipline à leur vision ensemblière extrêmement aiguisée ! Deux forces vives, donc, qui ne tardent pas à séduire le monde de l’hospitalité de luxe, avec notamment les rénovations de l’hôtel cinq étoiles Le Yule à Val-d’Isère ou des chambres et suites du palace parisien Le Meurice.
Un démarrage éclair qui n’est pas étranger à leur sensibilité innée pour l’artisanat français et leur démarche créative conceptuelle, finement ciselée. Et qui ne les empêche nullement de se remettre en question, en participant au concours ArchiINSTARS, avec probablement leur grand plus challenge : la réalisation de leur propre foyer, voué à une tribu tout juste agrandie.
Entrevue spatiale
Sur le papier, cela pourrait s’apparenter à un projet comme un autre… Cependant, un lieu à réinterpréter, dans lequel on a toujours vécu, qui plus est, par un duo d’architectes d’intérieur, en prime maîtres d’ouvrage… J’avais énormément de mal à me détacher du passé et de pair, à me projeter, confie Margaux. Luc m’a poussée dans mes choix ! Après avoir dit non à à peu près tout, j’ai laissé le métier reprendre le dessus ! Nous avons pu ainsi retranscrire notre vision tant architecturale, décorative qu’intimiste.
Notre rôle est de créer un écho entre tous les éléments présents, jusqu’aux objets et pièces de design.
La réalisation glisse d’un appartement duplex vers une maison de ville, posée sur un immeuble lui aussi chargé d’histoires. Construit au début du XIXe siècle, ce dernier est marqué dès l’entrée par l’un des rares vestiges architecturaux du XVIe siècle lyonnais : l’arc de la chapelle des Gadagne. Le cadre est posé, mais qu’en est-il des contours de celui qui aujourd’hui nous intéresse ? Notre façon de percevoir un projet commence par l’âme du lieu, sa compréhension, en équilibre avec la personnalité des clients, souligne Luc Berger. Puis de le faire muer dans une démarche d’appropriation. Ici, nous avons fonctionné de la même façon, avec pour volonté de rendre à cet appartement ses justes proportions.
Notre façon de percevoir un projet commence par l’âme du lieu, sa compréhension, en équilibre avec la personnalité des clients.
Exit donc les murs lambrissés, les pièces morcelées, la pierre vernie et l’escalier central ! Le duo reconfigure chaque centimètre carré, redonnant aux pièces une fonction, sans altérer l’éloquence des éléments patrimoniaux, à l’instar des poutres apparentes et des pierres de taille. Ici, le sentiment de bien-être passe par cette impression de voir toujours plus loin ; les volumes communiquent entre eux par des perspectives maîtrisées qui transportent dans leur élan conceptuel un travail jusqu’au-boutiste ! Quelle que soit notre position, l’œil s’accroche à une amorce. À l’entrée, le regard capte un morceau de cuisine à travers l’escalier, un bout du bureau à l’étage, etc., poursuit Margaux. Une orientation naturelle qui permet d’appréhender spontanément l’ensemble de la conception et de se sentir tout simplement bien.
Valeur narrative
S’appuyant sur la pierre et du bois, leur dessin part à la recherche d’une authenticité naturelle qui résonne dans les moindres détails. Nous aimons cette notion d’intemporalité, loin des tendances et des modes. Tout a un sens, une origine. Afin d’optimiser la surface au sol, une nouvelle trémie fait son apparition fluidifiant spontanément la circulation et la distribution des espaces repensés. La pièce de vie comprenant le salon, la salle à manger et la cuisine semi-ouverte trouve ses aises au rez-de-chaussée, aux côtés de la chambre parentale en suite.
Le liant… Ce sont les artisans, dans la mesure du possible, locaux !
À l’étage, le bureau et les deux chambres s’inscrivent dans une mouvance évolutive. Ici, le blanc crayeux omniprésent permet de souligner la charpente et les cadres en pierres sablées. La toile de fond parfaite pour peindre une scène plus contemporaine et construire un dialogue avec les matériaux et les matières. Notre rôle est de créer un écho entre tous les éléments présents, jusqu’aux objets et pièces de design. Le liant, sourit Margaux, ce sont les artisans, dans la mesure du possible, locaux ! À leurs côtés, les multiples savoir-faire convoqués leur ont permis d’aller plus loin dans la qualification des espaces et des finitions, à l’instar des portes en mélèze brossé affleurantes au dessin décalé ou encore celles coulissantes en miroir vieilli récupérant par leur hauteur une sensation de grandeur sous la mezzanine.
Sans omettre l’éclairage !, rebondit Luc. Nous sommes allés jusqu’à percer les plafonds à la française pour créer des saignées et intégrer le système filaire… Un travail colossal ! Jusqu’au mobilier, l’intelligence de la conception demeure ! Pièce maîtresse des lieux, le canapé est né lors de la réalisation de la trémie. Il aurait été tellement dommage de ne pas intégrer les poutres restantes. Elles sont donc devenues le socle de cette assise, confectionnée par les Ateliers Jouffre, aux dimensions de la pièce. Une création qui semble contenir toutes leurs valeurs architecturales !
Photographe : ©Stephan Julliard
Production et Stylisme : Ian Philipps et Sarah de Beaumont.