C’est le défi brillamment relevé, à Ambronay à l’est de Lyon, par l’architecte d’intérieur Franck Boguenet. Une métamorphose qui s’inscrit dans l’essence même du lieu, entre transformation spectaculaire des salles de classes, codes scolaires préservés et réinterprétés, meubles chinés, touches créatives… Chapeau bas !

Une aventure collégiale
Après de nombreuses années à la tête de l’imprimerie-papeterie Serly, cours Vitton, Nathalie Schlienger décide de changer de vie et troque sa boutique déjà hautement inventive contre une école primaire, en 2016. Graphiste dans l’âme, elle voit en ce lieu la possibilité de retranscrire son univers typographique et de le décliner à volonté. Mais également sa passion pour les brocantes, le vintage et les meubles chinés. À ses côtés, Franck Boguenet séduit par ce pari audacieux, l’accompagne en qualité de maître d’œuvre et d’insatiable créatif.
Ensemble, ils partent pour plus de huit mois de travaux, emmenés par une équipe de trente professionnels experts dans leur domaine d’activité. De concert, ils décident de conserver un maximum d’éléments, pour mieux réinterpréter le lieu « dans son jus ».

Le résultat final est pensé en amont, à coup d’inspirations déchirées dans les revues de décor sous forme de planche tendance, de longs moments d’échanges sur les mises en ambiances, les couleurs et les partis pris. Franck Boguenet confirme : « Cette maison est le fruit d’une réflexion minutieuse, tant dans sa dimension technique, fonctionnelle que décorative. Il fallait que tout soit parfaitement préparé pour que le projet prenne corps comme nous l’avions imaginé, dans le pur respect du budget et du délai incompressible. »

La fonctionnalité, élément clef
Datant de 1870, cette école primaire nivelée sur trois étages, était opérationnelle jusqu’en 2015, avec ses cinq classes du CP au CM2, la sacro-sainte salle des instits, les sols en béton bruts, les marches d’escalier en pierre patinée, les inconditionnels couloirs jaune, les tableaux noirs, jusqu’à la cloche dans la cour de récréation… Telle que nos souvenirs l’imaginent.
Mais si tout semble préservé, sur le papier la réalité est bien plus complexe. En profondeur, Franck Boguenet a revu toute l’isolation des étages inférieurs, jusqu’à la toiture, l’ensemble du réseau électrique et des fluides, avec l’intégration d’une VMC simple flux. « Qui dit maison d’hôtes dit salles de bains et sanitaires privatifs, et ce dans les quatre chambres créées à l’étage. Autant vous dire des kilomètres de tuyaux et de câbles électriques ! Pour que ce soit fonctionnel, tout devait être centralisé avec un tableau de commandes clair et précis, puisque nous évoluions dans un projet à caractère commercial, géré par une seule personne ! »

Dans le cadre d’une installation logique et fonctionnelle, tous les passages sont concentrés dans une colonne montante afin de distribuer les étages. Du fuel, la rénovation a permis de passer au gaz de ville relié aux radiateurs originels conservés, avec deux chaudières à condensation, en cascade afin de maîtriser la consommation. Tout a été pensé comme un petit établissement hôtelier, avec la création de pièces techniques au rez de chaussée, lingerie et rangement entretien, au niveau des chambres, afin de faciliter le quotidien de notre hôtesse. Les pièces ont été redistribuées, recloisonnées et isolées, pour garantir l’intimité des chambres.

Un travail de sablage sur les murs du patio et de menuiserie dans les chambres, a également fait l’objet de nombreuses modifications. Des chambres particulièrement généreuses, avec une moyenne de 50 m2, qui s’expriment par des thématiques différentes.
Entre préservation et invention
Pour Nathalie : « Hors de question de ne pas conserver l’âme du lieu ! » Au rez-de-chaussée, les murs ont été laissés tels quels, à l’instar du sol, jusqu’à la verrière. L’ensemble des portes est d’origine, avec la couleur verte de l’époque où les enfants les claquaient ! Nathalie et Franck ont récupéré un grand nombre de meubles et accessoires, comme les emblématiques patères pour accrocher les manteaux, minutieusement enlevées puis remises en état et réimplantées de part et d’autres.

Si le rez-de-chaussée reste fidèle à l’ADN écolier, les chambres visent une nouvelle créativité, chacune avec pour point de départ une caractéristique d’un élément existant. Comme la chambre « marbre », nommée ainsi en raison de la majestueuse cheminée, qui décline le thème d’une manière contemporaine, jusque dans la douche, avec les carreaux Marazzi.

Un travail important réalisé dans le choix des carrelages, avec le concours de Décocéram, s’illustre dans chaque espace nuit, à l’instar de la palette de couleurs aux associations volontairement expressives et graphiques. Associées aux idées créatives imaginées par Franck Boguenet, comme la vasque/tabouret, la main articulée qui devient applique ou l’estrade en OSB… Rien d’étonnant à ce que cette maison d’hôtes ait remporté le « Prix Coup de Cœur 2017 » dans sa catégorie, décerné par les Gîtes de France et ait été sélectionnée par le Figaro parmi les 50 meilleures chambres d’hôtes 2017.
Franck Boguenet, un créatif technique et passionné

Depuis 10 ans, Franck Boguenet regarde le monde de l’architecture d’intérieur avec une âme d’artiste. Il s’illustre également par une technicité renforcée par sa vision perfectionniste. Les projets réalisés sont avant tout le fruit d’expériences humaines, qu’il matérialise par ses multiples casquettes : maîtrise d’œuvre, architecture d’intérieur, décoration.
Une polyvalence précieuse qui lui permet de concevoir des projets de grandes dimensions, avec une gestion parfaite de l’ensemble des corps de métier, au service de l’univers résidentiel, commercial et tertiaire. Mais là où ses talents font toute la différence c’est dans sa capacité à transposer l’identité de ses clients dans un concept d’aménagement, auquel se mêlent sa maîtrise des couleurs et sa spirale d’idées inventives.
Pour Franck : « C’est avant tout une histoire d’échange et de partage mais aussi d’équilibre entre la technique, les contraintes, la faisabilité, le caractère du lieu et la personnalité des occupants. Ainsi, on ne tombe jamais dans le conformisme ! »
Il s’investit particulièrement dans ses projets, comme en témoigne cette réalisation. Un accompagnement qui a permis à Nathalie Schlienger d’être sereine tout au long des travaux. En effet, Franck était présent deux à trois fois par semaine et n’a pas hésité à mettre la main à la pâte !
Une relation de confiance qu’il insuffle dans chacune de ses réalisations.
Réalisation Franck Boguenet
Décorateur et architecte d’intérieur
FB Studio
06 89 63 84 29
La Maison d’Ambronay
46 Grande Rue
01500 AMBRONAY
lamaisondambronay.fr
Photographe Sabine Serrad