Les jeunes designers n’attendent qu’un petit coup de pouce, la reconnaissance d’un pair pour sortir de leur chrysalide. Sur le salon MAISON&OBJET, lors des Rising Talent Awards, six jeunes designers prometteurs, venus directement d’Italie, ont attisé tous les regards.
Chacun sélectionné par six grands noms du design transalpin. Ces maîtres à penser les ont invités à dévoiler les contours d’une génération inspirée et inspirante, applaudie par les visiteurs. Une relève assurée !
Antonio Facco, l’instinctif propulsé par Giulio Cappellini
Architecture d’intérieur, graphisme, photographie ou mobilier, Antonio Facco est un insatiable créatif. C’est en 2013 qu’il capte l’attention de Giulio Cappellini, lors de la soutenance de son projet de fin d’études, à l’Istituto Europeo di Design de Milan. Une rencontre qui va immédiatement propulser son talent vers la strate supérieure, avec notamment une collection entière réalisée avec son mentor : Luce. Sur le stand d’Oblure, c’est le luminaire graphique Mondo qui a attiré notre attention. Un concept abstrait original qui permet à l’utilisateur d’interagir avec la lampe.
Kensaku Oshiro, le voyageur repéré par Piero Lissoni
Depuis Milan, sa ville d’adoption, le jeune talent fait tomber les marques sous son design minimaliste, comme des dominos : Boffi, De Padova, Kristalia, Zanotta ou encore Poltrona Frau, Ligne Roset, Mogg… à la tête de sa propre agence, après avoir appris avec les meilleurs à l’instar de Barber&Osgerby à Londres ! Ou encore, son mentor Piero Lissoni qui décrypte le travail de son élève avec qui il a travaillé huit ans : un pont entre la simplicité/complexité de la culture japonaise et la complexité/simplicité de la culture occidentale.
Federico Peri, l’hyper-fonctionnel déniché par Luca Nichetto
De ses rencontres avec Ronan et Erwan Bouroullec ou encore Matali Crasset, lors de sa venue à Paris après avoir obtenu une bourse d’études de la Faculté d’Interior Design de L’Istituto Europeo di Design de Milan, le designer retient une passion pour le travail des grands maîtres ainsi que pour les tensions synergiques entre le passé et le présent. Aujourd’hui, spécialisé dans l’architecture d’intérieur et la décoration, son agence collabore avec Fontana Arte tandis que son design s’exhibe chez Nilufar Gallery, en édition limitée. C’est cette espèce de feeling total qui fait de Federico un designer particulièrement intéressant sur la scène italienne, mais qui lui donne par ailleurs un potentiel immense sur le plan international. Je suis très curieux de voir son approche appliquée encore un peu plus à la production industrielle. Le résultat risque d’être très émouvant, souligne Luca Nichetto.
Marco Lavit Nicora, l’architecte sélectionné par Rosita Missoni
Il n’a que 32 ans et est déjà à la tête de son propre atelier ! Même s’il réside aujourd’hui à Paris, son travail se concentre sur l’échange avec les artisans, et notamment italiens ! Architecte diplômé de l’École spéciale d’architecture de Paris et du Royal Melbourne Institute of Technology, il imprime dans le design d’objets son sens inné du rationnel et du matiériste. J’ai été particulièrement touchée par la légèreté de ses œuvres, pourtant solidement ancrées dans le design classique, souligne la styliste Rosita Missoni. Pour l’exposition, il a présenté, entre autres, le fauteuil Venezia spécialement conçu pour la Biennale d’architecture de Venise et exposé au Centre Pompidou à l’occasion de la rétrospective dédiée à Le Corbusier.
Federica Biasi, l’émotive remarquée par Andrea Branzi
À 29 ans, Federica Biasi peut se vanter de son parcours déjà riche. Aujourd’hui, directrice artistique chez Mingardo et conseillère créative pour Fratelli Guzzni. Sur MAISON&OBJET, elle signe également une collection de services de table en faïence décorés à la main par Christian Pegoraro, Bottega Nove ainsi qu’ un tapis réalisé avec CC-Tapis. Elle se fait la porte-parole, à travers son design, du savoir-faire artisanal italien. Pour elle, les Rising Talent Awards sont l’occasion de faire passer un message : J’aimerais que les grandes entreprises, piliers du monde du design, commencent à miser sérieusement sur les jeunes, à l’image des Rising Talent Awards de M&O qui offrent un espace d’expression à chacun de nous. Nous devrions être reconnaissants de cette opportunité, qui est selon moi annonciatrice de profonds changements.
Guglielmo Poletti, l’expérimentaliste décelé par Rossana Orlandi
Résidant aujourd’hui aux Pays-Bas, à la suite de son Master en Contextual Design à la Design Academy d’Eindhoven, Guglielmo Poletti a fondé son propre design reposant sur la matière et ses limites. Les formes fines, légères et élémentaires traduisent sa passion pour l’équilibre presque fragile, mais ô combien complexe dans leur conception. C’est un échange avec Ron Gilad, en 2013, qui l’entraînera dans cette voie : cette rencontre a été comme un nouveau départ, car elle m’a permis d’envisager le design de manière plus libre et moins dogmatique. En me faisant comprendre que mon parcours dans cette profession pouvait être bien plus personnel, nos discussions m’ont poussé à faire des choix qui se sont avérés déterminants, confirme le jeune designer. Une approche qui n’a pas manqué de séduire Rossana Orlandi : ce qui m’a le plus touchée dans son travail, c’est cette simplicité poussée à l’extrême, jusqu’à devenir un élément caractéristique et intrinsèque.