Sur la Place d’Espagne, les neufs premiers étages de la Torre, édifice emblématique de la skyline madrilène construit en 1957, prennent des allures oniriques. Signé du designer Jaime Hayon, l’aménagement de l’hôtel Barceló Torre mixe clins d’œil au patrimoine, art et design, pour une approche singulière et résolument moderne de l’art de vivre espagnol.
Exubérance du classique
« Je me suis entièrement dédié à la création d’un espace unique et spécial qui incarne une nouvelle vision de l’Espagne, loin de l’esthétique traditionnelle. Outre le fait que Madrid soit ma ville natale, elle représente pour moi toute la diversité et la richesse de mon pays », raconte Jaime Hayon. Et il l’a fait à sa manière, sans s’imposer de limites, maîtrisant comme personne l’art de la fantaisie et de la sobriété, de l’exubérance et du classicisme. Les sculptures fantasques créées spécialement pour le lieu dialoguent merveilleusement bien avec les pièces de mobilier d’une grande élégance conçues pour des éditeurs internationaux de renom.
Partout les couleurs et la lumière éclatent, subtilement tempérées par des finitions ciselées de laiton, de marbres et autres matières précieuses. Les détails architecturaux et décoratifs multiplient les références au patrimoine, évoquant ici les arches romanes, là les influences arabes et mauresques qui ont contribué à la beauté du paysage ibérique, sans jamais souffrir d’une charge historique trop importante ou virer à l’hommage pastiche.
La ville elle-même n’est pas en reste : l’ours de ses armoiries, version Hayon, trône en bonne place dans l’entrée et une commande photographique faite au studio KlunderBie revisite le flamenco façon Ménines de Velasquez, histoire de rappeler que le Prado se trouve à quelques encablures. Car le voyage intramuros auquel nous convie le créateur, qu’il s’agisse des 258 chambres que compte l’établissement, du restaurant aux vues imprenables sur la capitale espagnole ou du bar installé sous les six mètres de hauteur sous plafond du lobby, est aussi une invitation à se plonger sans retenue dans la vie madrilène et ses excès.