Au « milieu des eaux ». Signification latine du nom Megève, semblerait-il. C’est ici que le ruisseau du Planay murmure à l’oreille minérale de cet ancien corps de ferme érigé au temps où la belle n’était pas encore mondaine. Sous mansarde, un appartement raconte une histoire plurielle, citadine, moderne sans perdre de vue ses ascendances montagnarde et rustique. Facetté par l’architecte d’intérieur David Fleury, ce grenier vétuste renaît dans l’intimité d’un appartement.
Table rase, donc, sous l’œil étonné de la charpente défraîchie, aux pièces maîtresses conservées et entièrement rénovées. Lieu de villégiature d’une famille passionnée de montagne, Olivia, Mathieu et leurs deux enfants, il s’est patiemment habillé de vieux bois dans une dynamique à la fois contemporaine et traditionnelle. « Le couple souhaitait fusionner ces deux aspects, tout en portant le projet vers une sphère haut de gamme, confie David Fleury. Leur volonté était surtout de créer un lieu cocon et accueillant, révélé par un espace réceptif généreux ». Un appartement facile à vivre pour six personnes, mais avec la possibilité de recevoir un plus grand nombre.
Tout l’enjeu de la réalisation était de minimiser l’impact de la mezzanine sur l’ensemble de la volumétrie.
Conservant au maximum l’amplitude sous faîtage, David Fleury a pris le parti d’intégrer une mezzanine. « Tout l’enjeu de la réalisation était de minimiser son impact sur l’ensemble de la volumétrie, confirme le concepteur. D’où l’importance des miroirs estompant cette masse additionnelle, en bloquant les retombées de plafond ». Ce jeu de miroirs s’inscrit dans une rythmique maîtrisée selon les points de vue. Elle sculpte l’envolée verticale en prenant le temps de démultiplier les perspectives.
« Dénué de transversalité, l’appartement aurait pu se renfermer sur lui-même. Il était donc nécessaire d’apporter de la profondeur et d’estomper les aplats de bois omniprésents ». Comment ? « En reliant la pièce de jour et de nuit, ce profilé en pierre Cenia gris adouci, véritable appui spatial, laisse filer la perspective d’un bout à l’autre de l’appartement, quelle que soit la position de la porte à galandage, ouverte ou fermée en trompe l’œil. Cela permet de générer du mouvement et d’accrocher la lumière naturelle ». Un souci du détail qui se reflète également dans la conception millimétrée.
L’agencement est le résultat d’une toile patiemment tissée. Tout est affleurant, tel que les portes sous tenture, les paumelles invisibles, l’éclairage en trimless ou assimilé par la poutre recoffrée pour l’occasion, etc. Suivant cette trame, les matériaux ciselés affinent le propos conceptuel : cloisons en verre jouant avec l’aplat de tissu métallique Dedar encapsulé, portes gainées de cuir, soubassement en pierres, etc. Fil conducteur de ce canevas subtil : le bronze traçant une ornementation subtile et graphique sur le cerclage des panneaux bois jusqu’aux poignées de porte ou encore la robinetterie.
Sans omettre le « petit bijou » : l’éclairage totem en onyx blanc. Cet élément esthétique et fonctionnel est né d’une réflexion commune entre l’architecte d’intérieur et la famille. « Le couple désirait une pièce forte, type œuvre d’art. Néanmoins, la destination locative de l’appartement nous a quelque peu freinés. J’ai donc pris le parti de mettre en scène ce fragment minéral en l’absorbant dans la structure et dans la conception lumière ». Cette dernière a fait l’objet d’une attention toute particulière.
C’est un point essentiel de ma conception, ne pas figer le regard. Il peut ainsi à sa guise décoder de nouvelles perspectives, démultipliant les axes d’attention.
« L’intégration LED s’attache à flatter la charpente, les matériaux et la matière. Dans ce genre de réalisation, la surenchère de point lumineux peut vite devenir indigeste ! L’utilisation de la lumière indirecte, avec par exemple le travail de spots trimless en rampants, permet de mettre en valeur l’ensemble et d’étoffer des ambiances sans avoir l’effet Versailles ! » Elle participe ainsi à l’équilibre des envolées verticales et horizontales, chères à David, qui tiennent ici un rôle de premier ordre : « C’est un point essentiel de ma conception, ne pas figer le regard. Il peut ainsi à sa guise décoder de nouvelles perspectives, démultipliant les axes d’attention », conclut l’architecte d’intérieur.
Architecture d’intérieur : David Fleury