Émanation de deux maisons fusionnées par l’agence d’architecture d’intérieur Damien Carreres, cette villa fuit les perspectives classico-contemporaines, adaptant son dessin centrifuge au terrain belvédère. Évoluant sur plus de 900 m2, sa silhouette aérienne à double consonance dévoile un paysage spatial parfaitement proportionné aux modes de vie familial des propriétaires.
La minéralité architecturale a été volontairement accentuée pour mieux révéler les teintes végétales.
En ce lieu, la forme suit la fonction qui étend ses tentacules jusque dans les extérieurs, prenant en compte les sphères parents, enfants et amis. S’ensuit un tête-à-tête privilégié entre le dedans/dehors au prise avec une architecture d’intérieur qui s’accroche partiellement au relevé des maisons originelles. « Nous sommes pratiquement repartis de zéro en nous appuyant sur quelques parties existantes. Comme nous avons eu la chance de concevoir au préalable une première maison avec les propriétaires, nous avons pu approfondir notre processus créatif et relationnel, avec des finitions particulièrement abouties », confient les architectes d’intérieur Damien et David. Avec pour fil conducteur l’interactivité entre les usages et les espaces, cette villa s’inscrit dans une appréhension conceptuelle à rebrousse-poil ; les volumes intérieurs donnant le la à l’architecture signée Thomas Vielliard et Jacques Francheteau.
Conservant quelques trames existantes de la bâtisse principale – conçue à l’époque par l’agence Martin & Martin –, à l’instar de la forme en L ou encore du patio, l’agence Damien Carreres n’a pas hésité à ouvrir, agrandir, prolonger et reprendre en sous-œuvre pour modeler les pièces de jour et de nuit. L’objectif n’était pas de créer des espaces démesurés. « Au vu des volumes, notre principale préoccupation a été de proportionner agréablement chacun d’entre eux afin de générer une échelle à taille humaine, élaborée autour d’une réflexion propre au développement familial ».
Comment ? « En cultivant les sous-espaces ! Même au sein des volumes généreux comme le salon réceptif, on retrouve une surface intermédiaire, voire indépendante. Tout est dans l’équilibre ! Nous pouvons nous permettre des envolées sous plafond majestueuses, mais il est nécessaire de contrebalancer avec des zones plus enveloppantes, comme la salle à manger en lien avec la cuisine, dans le but de préserver une dynamique conviviale et cosy, à la mesure d’une vie de famille, » souligne l’architecte d’intérieur.
Parfaitement identifiées, les configurations spatiales tournent autour du patio, véritable point névralgique. « À l’origine, il était à demi clos, doté de fenestrons en partie haute. Nous l’avons entièrement ouvert, avec pour volonté de recentrer le propos sur l’eau et le végétal. Il esquisse naturellement des perspectives fluctuantes au gré de la journée, permettant de deviner, sans vraiment voir. Le soir, il ébauche de nouveaux reflets, floutant le dessin architectural ». À la confluence de toutes les pièces, ce trait d’union impulse une circulation fluide, sans avoir l’impression de traverser une addition de couloirs. Il nous a également permis de concevoir des sas intermédiaires entre le salon et l’univers nuit dévolu à la suite parentale et la zone réservée aux enfants.
L’intégration de la matière infuse par sa trame un certain relief et rehausse visuellement les détails.
Cette notion de rationalisation se retrouve dans notre décision de scinder le volume de vie et l’espace wellness, pour éviter la sensation d’espaces perdus. Ce dialogue avec le végétal est au centre de toutes les attentions ; la villa réalisée à 90 % de plain-pied. Allégées par les huisseries XXL toute hauteur et motorisées, l’architecture et les scènes de jour comme de nuit entretiennent un rapport unique avec la terrasse, le jardin, la piscine et la vue panoramique. Presque toutes les pièces sont ainsi cadrées sur un élément du jardin, avec un accès direct, donnant à chacune d’entre elles une totale autonomie. Les pièces de jour trouvent leur pendant à l’extérieur, avec le coin salon intégré ou encore la salle à manger accompagnée par sa cuisine d’été digne de ce nom, protégées par la pergola bioclimatique Biossun. Chaque lame rétractable et orientable dessine ainsi au gré du temps une scène sur-mesure permettant d’ombrer, d’illuminer, d’aérer ou d’être connecté directement au ciel bleu. Cette étroite liaison s’épanouit également dans le contraste.
« L’omniprésence minérale monochrome de la villa, poursuit Damien, a été volontairement accentuée pour mieux révéler les teintes végétales. Nous avons opté pour un carrelage intérieur/extérieur uniforme, pour une question de résistance mécanique à la tache et à la chimie. Le bardage en Pierre de Vals accentue cette dureté minérale, mettant davantage en valeur la verdure ». Un paysage qui fait corps avec la maison, fusionnant les deux entités par une passerelle vitrée. C’est une scission, un acte volontaire. Ce corridor devient une transition communiquant avec tous ces éléments, dissimulé derrière une porte en bois. Les propriétaires peuvent inviter des amis dans la partie loisirs sans passer par la case maison. L’espace wellness et loisirs prend ainsi corps dans les vestiges de la deuxième maison.
Le volume de vie et l’espace wellness ont été scindés pour éviter la sensation d’espaces perdus.
Cette zone plus feutrée accueille notamment le salon home cinema, la partie bar et la tisanerie reliée à la piscine intérieure généreuse. Elle atteste du travail d’orfèvre en matière de conception lumière qui ambiance l’ensemble de la réalisation. David témoigne : « Le balisage, les spots directionnels aux faisceaux précis réglés pour créer des halos ponctuels ou une atmosphère plus généraliste, les luminaires décoratifs ou encore la lustrerie vont accompagner le rythme de vie du levé jusqu’au coucher. L’ensemble soumis à un processus de réflexion patiemment élaboré avec les propriétaires et scénarisé par le système domotique, nécessaire pour une villa d’une telle dimension ! Les rideaux, les stores, les huisseries, la sonorisation, tout est commandé par des interrupteurs dotés d’idéogrammes dessinés par nos soins, en lien avec les usages. Au total, il y a deux à trois scenarii par pièce qui modulent les atmosphères en fonction du rendu souhaité ».
Ce dialogue avec le végétal est au centre de toutes les attentions : la villa réalisée à 90 % de plain-pied.
Côté agencement et décoration, le niveau de finitions est particulièrement affiné avec un curseur entre design et fonctionnalité parfaitement équilibré et poussé à son paroxysme.
Tout a été esquissé par l’agence d’architecture d’intérieur : la dimension des portes, le calepinage des panneautages en nubuck dans le salon, les têtes de lit tapissées, les mains courantes en cuir gainé, les réservations de tapis au sol pour accueillir les lits…
« La texture est primordiale, souligne Damien, associée à des façades en chêne, elle insuffle un maximum de chaleur, de bien être acoustique et surtout de la consistance. L’intégration de la matière infuse par sa trame un certain relief et rehausse visuellement les détails. »
Photos : Sabine Serrad
www.damiencarreres.com