Au pied du mont Blanc, « Joséphine », est la nouvelle adresse de Chamonix. Un bel emplacement pour cette brasserie que les propriétaires ont imaginée comme un vieux bistrot des années 20.
Lydie et Laurent Mougenot sont passionnés de brocante. Ils étaient auparavant propriétaires d’une brasserie à Beaune, établissement à la décoration dans l’esprit « bistrot ancien ». À Chamonix, ils ont fait appel à Christophe Bro, architecte designer parisien, qui a notamment signé de nombreux projets s’inspirant de la décoration des années folles. Sur place, Renaud Chevallier, architecte local, a suivi le chantier. Le projet est situé dans un emplacement en angle. Je l’ai travaillé comme un carrousel. Mon point de départ était le bar central, tout en courbe. Le plafond et le sol accentuent la perspective afin d’agrandir le volume. Le travail de l’arrondi se retrouve dans les rampes qui soulignent le bar. Les clients sont passionnés de brocante, et nous avons eu un véritable échange, afin d’associer dans le décor des éléments chinés, explique Christophe Bro.
À l’extérieur, la façade a été habillée de bois et des moulures encadrent la porte. En terrasse, abritée par des stores à l’ancienne, les chaises et les tables de style bistrot sont en bois. Une marquise en fer forgé et en verre souligne l’arrondi. La vitrine composée de menuiseries en PVC anthracite évoque une verrière à l’ancienne. À l’entrée, au sol de la porte tournante en angle, une mosaïque à l’effigie du lieu a été réalisée par l’atelier parisien Lilikpó.
Joséphine fait écho à des bâtiments qui gardent encore l’histoire de l’art nouveau à Chamonix, comme le Majestic. Installé dans un bâtiment du début du siècle à la toiture plate, le projet s’intègre parfaitement dans l’avenue Michel-Croz, et donne même l’impression d’avoir toujours été là. Sa position en angle a dynamisé la rue et participe à l’espace public. Joséphine a également un rôle social. Du petit matin jusqu’au soir, sa vitrine éclairée est comme un phare pour Chamonix, décrypte Renaud Chevallier.
Le sol de la salle marie parquet et carreaux ciment. Les murs sont habillés de vitrines réalisées sur-mesure par un ébéniste. À l’intérieur, des objets chinés par les propriétaires sont regroupés par thème : la mode (chaussures, faux cols…), le voyage ou encore la cuisine. Un miroir vieilli vient encadrer une pendule chinée aux puces. D’autres objets de brocante sont exposés : une ancienne caisse enregistreuse, un énorme livre de comptes de plus de cent ans, un téléphone d’époque, des affiches et des photos anciennes…
Le décor a nécessité beaucoup de plans. Christophe Bro a notamment dessiné les banquettes cloutées sur-mesure ou encore les luminaires de verre blanc. L’ambiance des années folles se retrouve dans les moindres détails : le menu, la musique d’ambiance, les assiettes et même les toilettes. En clin d’œil à l’histoire, une photo de Joséphine Favre trône dans la brasserie. Ancienne propriétaire du lieu, celle-ci tenait alors une pâtisserie dans les années 20.
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Photographe Solène Renault