À l’occasion du Salone del Mobile, l’architecte d’intérieur enfile son autre tenue, celle de designer, fraîchement cousue par Arflex.

Entre lui et ce fleuron italien s’immiscent des souvenirs d’enfance. Comme une évidence. Sur le stand de la marque, il prend le temps de raconter cette histoire. L’essence des choses.
Il émane du jeune architecte d’intérieur une force tranquille, une modestie, un respect naturel pour les gens qu’il côtoie. Il ne se met pas en avant. Non, la vedette du jour c’est la collection Sigmund, qui s’étoffe de nouvelles tables basses et d’un bureau. Une collaboration, initiée en 2018 par la marque, avec le banc et le daybed. Soit, les tous premiers pas d’Antoine Simonin dans le monde du design. Mais comment cette aventure a-t-elle vu le jour ? J’ai grandi avec le mobilier de la marque. En 2012, alors que je cherchais le fauteuil de mon enfance pour un hôtel en Corse, j’ai fait la connaissance de Nadine Tordjman – directrice de Siltec, revendeur exclusif d’Arflex en France – en lui faisant part de ma sensibilité. Elle m’a ainsi présenté à cette famille incroyable, qui au fil des discussions, m’a proposé le design du daybed. C’est émouvant de se retrouver là, aux côtés de ce fleuron qui m’a tant inspiré et m’a éveillé à cet univers créatif.
Une forme de continuité, confie Antoine Simonin. En hommage à Freud, la collection Sigmund évoque la méditation, le repli sur soi, une introspection retranscrite dans l’honnêteté de son design : Aucune dissimulation. Juste une simple galette soutenue par une structure en acier avec des points d’accroche apparents, comme les agrafes d’un bijou. Même si les ossatures varient, chaque élément constituant Sigmund suit les mêmes principes constructifs, toujours portés par cette idée de rêverie. Je souhaitais que le bureau soit spécifiquement en marbre, pour venir contraster avec les lignes filaires. Une forme de légèreté lourde, de stabilité tout en équilibre. L’idée première était de jouer sur la polyvalence des usages. Les tables peuvent se superposer, devenir chevets ou bouts de canapé. Le bureau peut s’intégrer comme une console dans l’entrée, le banc, au pied d’un lit… J’aime cette notion de mobilier versatile, qui vit en fonction du ressenti de chacun. C’est d’ailleurs comme cela que je conçois l’architecture d’intérieur. Quel que soit le projet, je ne perds jamais de vue la finalité : ce sont mes clients qui vont vivre dedans, pas moi !
À la tête de son propre studio, ASAÏ, Antoine Simonin a fait ses classes à l’ESAIL, avant de prendre la direction de la Capitale, auprès d’Andrée Putman puis de l’architecte Jean-François Bodin. Des expériences incroyables ! Tout d’abord immergé pendant trois ans dans le style inimitable d’Andrée Putman, puis durant cinq ans chez Jean-François Bodin qui m’a appris à déconstruire ces codes très marqués ! J’ai commencé alors à m’exprimer, en tant que chef de projet, à raconter des histoires de vie. Me projeter et surtout projeter les clients. C’est devenu un leitmotiv, que je cultive au sein même de mon agence. L’architecte d’intérieur aime comparer son métier à celui d’un tailleur, d’un portraitiste et même d’un chef d’orchestre : La partition est déjà écrite. Nous la mettons en musique, en lui donnant des nuances, sans surenchère et sans heurter le patrimoine.
Pour apprécier un lieu, un marbre ou un travail artisanal, il ne faut surtout pas l’ensevelir sous une avalanche d’objets ! La maison est un portrait fidèle, sans masque, mais complexe. Le but n’est pas de concevoir des showrooms, mais de composer avec tous les éléments qui façonnent une personne, de les doser pour créer un juste milieu. Et c’est dans cette optique, cette logique créative et conceptuelle qu’Antoine Simonin se réinvente continuellement.
J’aime le challenge, repartir chaque fois de zéro. Une philosophie qui l’a amené hier à réaliser un chalet en Suisse et demain un lodge en Afrique et une maison au Portugal… Et des projets en cours à Paris. Quant au design… À suivre.