Charme, tilleul, cèdre, chêne ou frêne, noyer, pin, hêtre, ébène, cerisier ou micocoulier… les essences s’entremêlent sur les étagères de son repaire.
C’est entre Garonne et Dordogne que Jean-Baptiste Boutin, directeur artistique trentenaire, a installé son atelier et lancé sa marque de pièces en bois uniques tournées à la main depuis bientôt un an.
De trouveur à tourneur
« Quand j’étais petit, je voulais devenir « trouveur », inventeur… c’est dire quelle part a toujours tenu la création dans ma vie », se souvient Jean-Baptiste, très tôt rebaptisé Gibus par ses sœurs. Après deux semaines d’égarement en fac d’éco-gestion, il intègre donc l’ECV Bordeaux, puis Publicis, où il passe 5 ans en tant que DA pub, avant de se lancer dans un tour du monde qui durera 12 mois et durant lequel éclora l’impérieuse nécessité d’une totale reconversion.
« Je ne dessine jamais ! »
De retour à Bordeaux, le cognaçais de naissance retourne en agence, chez Inoxia cette fois, mais quitte son job de DA au bout de deux ans pour laisser germer l’idée qui l’avait effleurée quelques années plus tôt. « Je me souviens être tombé sur une vidéo de tournage sur bois et m’être aussitôt dit : c’est ÇA que je veux faire ! J’ai dû en regarder des milliers en trouvant ça magique, hypnotique à chaque fois ». Il se forme alors en trois jours auprès de Georges Baudot, à Sadirac, acquiert son tout premier tour et démarre son activité au printemps 2017.
La suite, c’est le bois qui la lui dicte. « Je ne sais jamais d’avance ce que je vais faire d’une essence, je ne dessine jamais ! » annonce-t-il avant de glisser que c’est le bloc de matière brute qui lui souffle l’idée de l’objet.
Adjugé, vendu !
Suspension, boîte, pot, lampe, vase ou coupe, qu’importe le contenant pourvu qu’il y ait la délicatesse. Et le sceau de l’authentique. Traces de coupe, nœuds, fissures… autant de stigmates qui impriment la texture comme les cicatrices marquent la chair. Rehaussées d’encre d’Inde, de brou de noix ou de résine d’or, ses créations sensuelles ne sont pas sans rappeler la beauté et la diversité de nuances et de courbes humaines.
C’est pourquoi Gibus se trouva fort dépourvu lorsque le moment d’estimer le fruit de son travail fût venu ! « Je serais bien en peine de fixer un prix à mes objets ! Je me situe entre l’art et l’artisanat puisque je fais de l’utilitaire en pièce unique. Et ça, c’est hyper compliqué à vendre ! Soit on fait de l’art et on est cher, soit on reste accessible et on fait de l’utilitaire. Et pour ce qui est de la valeur, quoi de plus arbitraire » ? Qu’à cela ne tienne, JB laisse au hasard le soin de trancher. Rentabilité oblige, chaque pièce possède un prix minimum et un maximum. Entre les deux, c’est à un algorithme d’établir un prix de vente qui varie chaque jour de façon parfaitement aléatoire. Moins élevé qu’hier, plus haut que demain ou inversement. Libre à ses e-visiteurs de faire leur choix dans l’immédiat en cédant à l’appel de La Caresse, Le Gladius, Chérie ou Indigène. Ou bien de patienter et d’être joueur. Quitte à faire contre mauvaise fortune, bon cœur.
1 commentaire
Que de pièces magnifiques qui naissent dans l’atelier de Mr Gibus! Une vraie caresse visuelle qui se prolonge dans le toucher qui s’en suit.
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