Dans cette donne, pas de trèfle ! Ici, la chance n’a pas sa place. Tout est question de savoir-faire, de perfection, de création, de tradition, de recherches constantes et de passion inextinguible pour les textiles.
Un bel ouvrage que Charles Jouffre confectionne, dans ses ateliers, depuis 44 ans, attaché à confondre ce métier avec la précellence. À ses côtés depuis 25 ans, Claudie Gautherot, dame de tissus par excellence, l’accompagne dans cette quête du beau.
Toutes les cartes en main
Pour DOMODECO, Charles Jouffre et Claudie Gautherot ont revêtu leur tissu d’apparat en résonance avec les chaises designées par l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch, à peine sorties de l’Atelier. C’est là précisément, à Villeurbanne, que nous les retrouvons. Charles Jouffre nous guide dans cette ruche où tout prend vie, où trônent des tissus que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Nous croisons Lionel, Meilleur Ouvrier de France, en pleine réfection d’un siège. Depuis 25 ans, il se plaît à transmettre son expertise à la nouvelle génération, Célia, Mathilde, Camille, Bruno, Hervé ou Jennifer, qui rentre tout juste de l’Atelier gémellaire de New York. Soit, un véritable ballet de couture, de confection, d’assemblage, d’expérimentations, de dessins, d’études techniques, de création… chorégraphié par 45 hommes et femmes en France, 25 aux États-Unis. Chacun au service des architectes d’intérieur et des projets d’exception dans lesquels l’Atelier Charles Jouffre excelle !
Nouvelle donne, sans limites
En regardant de plus près, force et de constater que le nom de Charles Jouffre côtoie les plus grands : Apparatus Studio, Mathieu Lehanneur, Humbert & Poyet, Pierre Yovanovitch et Charles Zana, Philippe Starck… pour ne citer qu’eux ! Aujourd’hui, nous sommes en présence d’une vraie belle génération de designers, confie Charles Jouffre. Ils réécrivent l’histoire du tissu, bousculent les codes. J’adore ! Ils apportent un nouveau souffle avec une envie de construire autour du textile. Nous sommes enfin sortis de cette période, beaucoup trop longue à mon goût, où le rideau n’était qu’un bout de tissu !
Ces designers, ces architectes d’intérieur n’imposent pas, ils conçoivent leur métier dans l’échange, avides de revenir sur des valeurs, de composer avec des savoir-faire. Pour chaque projet, ils nous emmènent vers de nouvelles contrées insoupçonnées. À leurs côtés, nous donnons forme, nous relevons les défis, quels qu’ils soient ! Par exemple, le système de drapés sur 9 mètres de hauteur par 23 mètres de largeur, mis au point pour l’hôtel Baccarat de New York, réalisé en collaboration avec Gilles & Boissier. Grâce à eux nous nous réinventons constamment ! Et pour leur faire honneur, les textiles innovent. C’est à ce moment-là que Claudie Gautherot entre en scène.
Chargée de toute la « sélection tissus »pour les ateliers de Villeurbanne, Paris et de New York, elle explore ce monde qui aujourd’hui bouillonne. Claudie Gautherot confirme : Le tissu a considérablement changé, pour ce qui est des textures, des matières, des finitions. Nous aimons aller plus loin, toujours à l’affût de la matière qui nous fera vibrer. C’est pour cela que nos clients nous sollicitent. Raison pour laquelle nous ne travaillons pas avec des éditeurs, mais avec de véritables partenaires qui partagent nos exigences. Pas simplement sur les qualités, mais également sur leur capacité à échanger, à trouver des solutions et à tenir les délais. Et, à raconter une histoire, avec des gammes textiles qui interagissent entre elles.
Impossible de ne pas voir la passion qui anime Claudie Gautherot, quand elle évoque son monde. Avec même des étincelles dans les yeux lorsqu’elle nous parle de ses pépites, à l’instar de Toyine Sellers, installée près de Valence qui transpose dans ses étoffes des paysages de matières. Ou encore Rogers & Goffigon… Et demain ? Quels sont les projets ? Essayer de faire toujours mieux ! conclut Charles Jouffre. Ne pas s’agrandir, mais grandir. Mais je suis serein. L’une de mes plus belles satisfactions est d’avoir mon fils à mes côtés, au management du site new-yorkais ! Alors, pourquoi pas transmettre ce métier en créant une école des métiers d’art…
—
Photographe Erick Saillet