Thierry Martenon a installé son atelier dans son village natal, en Chartreuse. Au cœur de la nature, l’artiste travaille le bois, afin de créer de remarquables sculptures ou tableaux muraux. Ses pièces uniques parcourent la terre (New York, Shanghaï, Moscou) et sont plébiscitées par des décorateurs renommés.
Le bois c’est ma langue natale
Les gens de la montagne ont un lien particulier avec le bois. C’est une vocation. J’avais un oncle qui sculptait, mon grand-père avait une scierie… J’ai passé un CAP d’ébéniste, appris avec un charpentier, essayé le tournage sur bois et enfin la sculpture. Sculpter me permet de m’affranchir des contraintes techniques ou utilitaires, pour tendre vers plus de liberté, confie le pétillant quinquagénaire. Son atelier abrite des outils pour façonner le bois à la main (scies, gouges…) et des machines pour faciliter la découpe : tronçonneuse, raboteuse, scies circulaires et à ruban. Depuis plus de 20 ans, le sculpteur travaille par taille directe, par enlèvement de la matière. Le bois est délicat, c’est une matière vivante qui va me guider tout au long de la sculpture. Avec le temps, j’ai appris à créer avec le fil, je force moins et cela apporte de la fluidité au geste, explique l’artiste.
Accrocher la lumière
L’œuvre débute par un dessin, une esquisse sur papier ou quelques fois sur iPad afin d’essayer différentes textures, par jeu de calque. Curieux de nature, il trouve l’inspiration un peu partout, dans des magazines, dans la nature… À partir du dessin, l’artiste crée un gabarit en carton, échelle 1. Pour des pièces compliquées, il conçoit une maquette afin d’étudier en détail l’orientation du fil du bois, les découpes et les collages. L’artiste choisit alors le bois, parmi des essences locales de montagne : épicéa, frêne, érable ou noyer. Les arbres remarquables sont privilégiés, ceux qui ont poussé doucement, avec des cernes très serrés et un fil droit. L’ébauche se fait à la scie ou à la tronçonneuse ; la forme est affinée à la râpe ou à la ponceuse avant les finitions. Les pièces sont laissées brutes d’outil ou sablées. Ce dernier procédé permet d’enlever le bois tendre et de faire ressortir la veine.
Des collections de « prêt à décorer »
Le montagnard se défend d’avoir « un concept » au profit de l’esthétique. Ses formes sont abstraites, arrondies, ajourées, avec des lignes plutôt épurées. Les finitions divergent, tantôt sablées, polies ou parfois peintes, laquées et même graffées. La signature de l’artiste se distingue par cette appétence pour les choses texturées, qui accrochent la lumière. Par le biais d’un fondeur, Thierry présente quelques bronzes réalisés à partir de sculptures en bois, dans son showroom, en mezzanine de son atelier. Tel un couturier, il se plaît à sortir deux collections par an et expose régulièrement au salon MAISON & OBJET. Il réalise également des pièces sur commande et sur-mesure, comme le plafond de la cave du palace Hôtel de Crillon (place de la Concorde à Paris), avec une sculpture de 32 m².