Au cœur du village de Courchevel, le cabinet d’architecture Patriarche écrit une nouvelle page de l’histoire du Chabichou. L’institution hôtelière de charme et de luxe, désormais propriété du groupe Lavorel, installée là depuis 1963, se pare d’atours contemporains pour une expérience renouvelée de l’art de vivre à la montagne.
Une nouvelle jeunesse, donc, cependant inscrite dans les gènes de l’établissement. Depuis son ouverture en 1963, le Chabichou s’est en effet agrandi au fil du temps, gagnant petit à petit tous les galons de l’hôtellerie et de la restauration haut de gamme, jusqu’à obtenir quatre étoiles et deux macarons au Michelin. Mais l’esprit authentique des lieux, lui, demeure. Quarante et une chambres, un spa, un ski club, un fumoir, un bar, un bistrot au pied des pistes, le Katz, et last but not least, un restaurant gastronomique doublement étoilé, tenu par le chef Stéphane Buron depuis 1987. Le défi était donc de taille : moderniser sans dévoyer. Nous avons simplement conservé les espaces existants en leur apportant un supplément d’âme, explique Émilie Rollet, du cabinet Patriarche. Simplement… enfin presque !
Sans faire de modifications structurelles, les architectes réussissent le pari de donner une lecture nouvelle des lieux. Nous avons mieux hiérarchisé les espaces d’accueil, en proposant une refonte de l’aménagement intérieur et donc du cheminement dans le bâtiment, poursuit la conceptrice. Le but était de rendre limpide le parcours vers la banque d’accueil, vers le restaurant, etc. Ce, dès l’arrivée des hôtes, au service d’une première expérience et image prégnantes du Chabichou. Une approche subtile et retenue de l’espace, en somme, poursuivie avec brio dans l’écriture décorative. Une palette de teintes et de matériaux bruts et profonds, vert sombre et beige moyen, dialoguant avec le vieux bois des éléments de structures, des portes, de certains bardages intérieurs, des touches de laiton, constitue la toile de fond sur laquelle court un motif cher au propriétaire de l’établissement : le tartan.
Ses lignes nuancées de verts et de bleus se retrouvent tel un fil conducteur : laine sur les têtes de lit, en papier peint sur certains plafonds ou encore en moquette dans le bar, confirme Émilie Rollet. Un soin particulier a été porté au restaurant, où la nature reprend ses droits. Un envol d’oiseaux en verre de Murano raconte le printemps, tandis que de belles feuilles en bronze évoquent l’automne, par exemple. Partout, la chaleur et la subtilité des matières mises en œuvre – des laines bouclées des fauteuils à la minéralité des salles de bains, de l’omniprésence jamais oppressante du bois aux vues à couper le souffle sur la nature environnante –, le choix radical des mobiliers et la justesse des agencements distillent un art de vivre à la montagne simultanément empreint de tradition, et résolument moderne.
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Texte Maëlle Campagnoli – Photographe Florian Peallat