Dans un bâtiment industriel de 1916, réhabilité par l’agence d’architecture KFA et aménagé par l’équipe de création interne du groupe Soho House, le Soho Warehouse propulse dans le XXIe siècle la tradition britannique du club-house.
Dans une réalisation intégrant tous les nouveaux codes de l’hôtellerie, il offre à ses membres un home away from home à la fois international et local. Un hub où dormir, manger, travailler et élargir sa communauté. Le programme est classique, le concept assez unique. Le Soho Warehouse, ouvert en octobre dernier à Los Angeles en Californie, est le 25e établissement du groupe Soho House, lancé à Londres en 1995.
Son créateur, Nick Jones, imagine une version contemporaine, arty et branchée du club-house britannique, sorte de LinkedIn avant la toile, ayant connu son apogée au XVIIIe siècle, dont il reprend tous les codes, les structurations et les fonctionnements, savamment mélangés avec l’esprit non standard qui anime aujourd’hui les réalisations hôtelières.
Dans le quartier industriel de Los Angeles Downtown, l’établissement propose le gîte, le couvert, et même plus, à sa communauté locale et internationale, majoritairement issue des industries créatives et des médias. Toute la réhabilitation du bâtiment et son aménagement traitent avec déférence l’existant, édifice de briques rouges construit au début du XXe siècle, devenu studio d’enregistrement dans les années 1970. Partout, des 48 chambres au restaurant, en passant par le bar, la terrasse plantée d’oliviers et de jasmins, le rooftop avec piscine et vue sur la ville digne d’un décor de film de David Lynch ou les deux clubs, flotte un esprit Art déco très chic, préservant subtilement, et dans un jeu de contrastes délicatement perceptible, l’authenticité industrielle de la construction. Les briques, parfois les tags ou encore les systèmes de ventilation sont laissés apparents, les sols d’origine sont conservés, sans jamais déparer de la richesse des matières ni de la profusion de motifs mis en œuvre.
Ces combinaisons projettent ainsi tour à tour les hôtes du loft d’artiste au salon élisabéthain, ménageant une diversité d’espaces et d’ambiances qui toutes évoquent un aspect différent du contexte. Dehors, l’ancien quai de chargement du bâtiment devenu un patio planté prend des allures de terrasse provençales, tandis que le lounge, avec son sol sombre, ses assises dodues et sa bibliothèque joue à fond la carte du gentlemen’s club. L’approche est cultivée, soignée, jusque dans les détails : toutes les œuvres d’art sont le fruit d’une collaboration avec des galeries et des créateurs locaux, à l’instar des fresques de l’illustrateur Ethan Lipsitz, des papiers peints de Genevieve Gaignard ou des tapisseries de Paul Davies. Eating, drinking, meeting and socializing : l’hospitalité à l’heure des réseaux !
—
Texte Maëlle Campagnoli