L’Hôtel La Ponche rouvre ses portes mythiques après huit mois de travaux. À la manœuvre, l’architecte d’intérieur Fabrizio Casiraghi renoue avec un lieu pétri de souvenirs illustres, aujourd’hui enclin à en broder de nouveaux sous la latitude azuréenne.
Si la stature octogénaire de l’hôtel pouvait parler ! Elle vous projetterait dans un film choral où le nom des personnalités légendaires Boris Vian, Daniel Gélin, Michel Piccoli, Pierre Brasseur, Jean-Paul Sartre, Jack Nicholson, Catherine Deneuve, Romy Schneider, etc défileraient aussi vite que la Jaguar X/440 de Françoise Sagan ou la moto de Jose Luis de Vilallonga. Elle crierait « action », aux côtés de l’équipe de tournage « Et Dieu créa la femme »… sous le regard bienveillant de la maîtresse de maison Simone Duckstein, qui demeure l’ambassadrice des lieux.
Aujourd’hui, l’héritage est préservé par deux familles reprenant le flambeau de ce french art de vivre : Hubert et Nicolas Saltiel aux côtés de Georges Saier. Pour préserver l’essence qui a fait la renommée de l’hôtel, l’architecte d’intérieur Fabrizio Casiraghi n’hésite pas à replonger dans le « chic détendu » et « l’élégance insouciante », s’attelant avec ses bagages conceptuels avertis « à raconter une histoire. La voici. Il s’agit d’un homme d’une quarantaine d’années, vivant à Paris, dans le XVIe ou VIIIe. Il hérite de la maison de sa grand- mère. Alors il va en faire une maison de vacances pour ses amis. Il va chiner ici et là des objets, des fauteuils, des luminaires, sans arrière-pensées. Juste penser le Sud, le farniente, la Dolce Vita. Un peu de Capri, de Positano.
Mais surtout de Saint-Tropez. Les années Pompidou, les années 1960, la mer, les vacances. Chaque objet que je choisis est le fruit d’une réflexion longue et complexe, car la maison parle avec eux. Dans les chambres, il n’y aura pas grand-chose mais un ou deux tableaux et surtout ce que l’on aime en fin de journée : une bonne douche, un bon savon, une belle serviette. »
Je me suis levée de mon lit, j’ai ouvert les volets, et la mer et le ciel ont jeté au visage le même bleu, le même rose, le même bonheur.
Avec mon meilleur souvenir. (1984) – Françoise Sagan, depuis la chambre 19.
Le cadre est posé telle une promesse, un goût de retour aux sources qui coulent dans les 21 clefs, la réception, le restaurant pensé par le chef Thomas Danigo, le bar Saint-Germain-des-Prés, la terrasse, la salle à manger privée, le spa Tigre Yoga Club comme un doux nectar provençal et estival.
L’hôtel La Ponche c’est avant tout l’histoire d’une rencontre avec Simone.
Il n’y a pas d’histoire sans émotion. Nicolas Saltiel
Soit, un second souffle auréolé de cinq étoiles scintillant sur le damier noir et blanc de la réception, les murs ivoire, le parquet et les boiseries en noyer foncé, les tomettes, les tissus de Loro Piana et de Pierre Frey… Mais aussi, telles des habituées de la première heure, les œuvres artistiques du peintre Jacques Cordier (premier mari de Simone Duckstein), les lithographies originales de Picasso, flattées par les cadres en céramiques de Victor Levai ou encore les fresques murales d’Elvira Solana, etc.
L’ensemble essaimé de clins d’œil aux visiteurs illustres, telle la chambre n°8, hommage à Romy Schneider et Daniel Biasini, avec une terrasse panoramique à l’horizon ocre, rose et bleu. Une renaissance.