Au Sirenuse, bijou d’architecture néoclassique à l’aplomb des eaux azur de la côte amalfitaine, le temps a stratifié la création, conférant à cette institution familiale une identité et une ambiance uniques. Le luxe, à l’état pur.
C’est un lieu d’une grande contemporanéité, précisément parce qu’il va à l’encontre de l’époque. Ici, le temps qui passe règne en maître, sans passéisme aucun, ni simulacre antique. Le vrai luxe, probablement. Maison de famille construite au XVIIIe siècle, à pic de la côte amalfitaine, face au village de Positano, Le Sirenuse est devenu un hôtel en 1951.
Un lieu qui, malgré ses désormais 58 chambres, a su conserver une intimité cultivée, patrimoniale, sous ses plafonds voûtés d’inspiration mauresque et les arcades menant aux terrasses. Mais qui évolue aussi, tranquillement, avec son temps. L’architecte et designer italienne Gae Aulenti y a par exemple signé en 2000, un spa, qui malgré un registre stylistique moderne, ne dépare pas du reste. Le temps, donc.
Une affaire de famille, trois générations d’esthètes voyageurs, qui chacune à sa manière, est venue stratifier l’histoire d’une maison devenue une institution du luxe, et qui fête cette année ses 70 printemps.
Avec pour l’occasion, l’ouverture d’un nouveau bar, le Don’t Worry, du nom de l’installation artistique en néons, du plasticien contemporain Martin Creed. Car depuis son ouverture, et avec beaucoup de fidélité, l’établissement déroule ce que l’artisanat d’art italien fait de mieux. Pour célébrer cet héritage et le projeter dans le futur, les copropriétaires actuels de l’hôtel, Carla et Antonio Sersale, ont lancé en 2015 le « Sirenuse Art Project », avec la collaboration de la commissaire britannique Silka Rittson-Thomas. Une fois par an, une œuvre spécifique au site est commandée à un artiste contemporain dont l’œuvre est ressentie comme partageant des affinités électives avec la philosophie et l’esprit de la maison.
L’artiste choisi est d’abord invité à séjourner à l’hôtel pour absorber les inspirations et discuter des approches, après quoi la partie créative du processus commence. De même, chaque hiver, la décoratrice Barbara Gulienetti prend ses quartiers au Sirenuse, avec des restaurateurs, des peintres, des céramistes ou encore des ébénistes, pour rafraîchir, et parfois rhabiller, la belle septuagénaire.
Là, de nouveaux carreaux signés Fornace de Martino, une institution au savoir-faire incomparable, située dans le village voisin de Rufoli, déjà active en 1479. Ici, la restauration d’une fresque murale. Sur la terrasse, une nouvelle collection de mobilier outdoor signée Bonacina. Par touches. À cet égard, le Don’t Worry est un excellent exemple.
Autour du d’un sublime comptoir en noyer du XVIIIe siècle, la décoratrice attitrée des lieux s’est autorisé quelques changements, subtiles, mais qui magnifient encore plus les lieux : une coupole dorée à la feuille d’or, l’installation de panneaux d’onyx précieux rétroéclairés accentue l’ambiance speakeasy du bar, derrière lequel officient les barmen impeccablement tirés à quatre épingles.
Vieille école, juste ce qu’il faut. Il paraît que c’est depuis les terrasses du Sirenuse que l’on peut admirer les plus beaux couchers de soleil de la côte amalfitaine… Ah oui, Sirenuse… Ce sont les îles des sirènes, qui scintillent un peu plus loin, sur l’horizon !