Au cœur du quartier de Paddington à Londres, entre Hyde Park et Regent’s Park, l’agence londonienne Holland Harvey Architects, avec la complicité de la décoratrice Caitlin Henderson, livre un hôtel façon home sweet home à l’anglaise.
Issu de la réunion de six maisons de ville géorgiennes classées et entièrement rénovées, le projet est aussi le fruit d’une démarche durable et responsable, parfaitement maîtrisée de la démolition jusqu’à l’expérience proposée à ses hôtes. La responsabilité environnementale et sociale a été au cœur du processus de conception, racontent les architectes.
La responsabilité environnementale et sociale a été au cœur du processus de conception
Une approche globale, qui a aussi permis de répondre au souhait des propriétaires de l’établissement : offrir une expérience hôtelière éclairée, ouverte sur la notion de communauté, de découverte, et qui encourage ses hôtes, locaux ou venus d’ailleurs, à habiter véritablement les lieux. Au programme, donc, 88 chambres, un vaste espace de restauration en collaboration avec Yeotown Kitchen, un atrium arboré, une salle de méditation et de yoga, un espace coworking, et une belle bibliothèque où dévorer aussi bien les romans de Virginia Woolf que des ouvrages sur l’art contemporain, un smoothie healthy à la main.
Le plan labyrinthique d’origine a été simplifié, et l’architecture existante simplement magnifiée : parcimonie de la couleur, sols neutres en pierre ou larges lames de parquet blanchi, conservation des bardages intérieurs, etc. Pour y parvenir, donc, les concepteurs ont travaillé en circuits courts, du début à la fin du projet.
Au cours de la démolition, près de trois tonnes de déchets, matériaux de construction, anciens équipements ou vieux meubles ont ainsi évité la case décharge, grâce à un partenariat scellé avec l’association londonienne Globechain, dont l’activité consiste à limiter la production déchets en proposant une plateforme de vente en ligne, qui permet de redistribuer les matériaux en bon état sur d’autres chantiers.
Côté agencement, nombre de meubles ont été dessinés sur-mesure, en collaboration avec des entreprises à vocation sociale, telles que l’agence de design The Goldfinger Factory, qui réalise des pièces dans sa « menuiserie école », ouverte à des jeunes en difficulté dans le quartier de Kensington, à l’instar des dressings en bois et métal installés dans les chambres, chacune avec sa propre personnalité. Enfin, toutes les œuvres d’art et quelques éléments décoratifs ont été précisément sélectionnés via le programme artistique Culture A de l’établissement, comme les sérigraphies de Miya Ando ou les photos de paysages très contemplatives de Nur Mut.
Du sol au plafond, les concepteurs ont ainsi tissé une ambiance, un esprit légèrement victorien, teinté d’influences scandinaves, mêlant ce que l’artisanat local fait de mieux avec quelques références de design piochées chez Gubi, Hans Wegner, ou signées du collectif autrichien EEOS chez Carl Hansen & Søn. Sans compter, Grande-Bretagne oblige, une omniprésence du végétal : figuiers lyre, pots de romarin et de thym parfument délicatement l’air… Un bout de nature à portée de main.
Photos : Courtesy of Design HotelsTM
Texte : Maëlle Campagnoli